Le Blog de Charly SAMSON

Dans mon livre « Sites étranges et Mystères dans le Sud de la France », je rappelle l’histoire de la cité d’Aigues-Mortes qu’un roi de France a fait construire pour lui permettre d’entreprendre des expéditions guerrières en terres lointaines.

La statue de Louis IX occupe le centre de la grande place de la ville. Elle évoque un personnage dont l’étrange justice est restée légendaire en un lieu où une sinistre tour reste le symbole des injustices qui peuvent se prolonger pendant des siècles.

Les erreurs historiques peuvent aussi se perpétuer à propos d’Aigues-Mortes… Citées dans le livre, nous en parlerons sur place lors de notre prochaine visite le dimanche 8 octobre. Pour cette « rencontre », depuis Maguelonne jusqu’aux Saintes-Maries de la Mer, le nombre de participants est actuellement complet.

Mais je souhaite que mon livre vous aide à entreprendre à votre tour cette belle promenade et à découvrir les mystères d’une région dont l’étrange passé nous est en grande partie caché…

A une époque où la région connaissait de graves difficultés économiques, des esprits éclairés dont nous dépendions ont décidé de faire de nos côtes « une nouvelle Floride ». C’était leur expression (!)

Des routes ont été construites pour permettre une circulation intense. Un port a été creusé et aménagé. Des ponts, des dizaines de ponts, ont fait leur apparition… alors que pas très loin, à Agde, le vieux pont vétuste sur l’Hérault ne pouvait pas être consolidé et que la circluation des poids lourds était détournée par Pézénas.

Ces travaux « pharaoniques » ont fait surgir une forêt de pyramides. En Egypte, ils avaient Tout-ank-Amon ; nous, nous avons « tout en béton ».

La route qui traverse le Vidourle révèle des paysages d’une grande beauté. Des milliers de touristes les admirent sans craindre les attaques des moustiques puisque dans leur grande bonté les promoteurs les ont supprimés… en même temps que d’autres espèces moins désagréables.

En rêvant sur leur chaise, au bord d’une route, devant leur petite maison perdue au milieu des immeubles, de bons « papés » nostalgiques ont quelque temps murmuré avant de disparaître eux aussi : « Tout de même, ces moustiques, ils étaient un peu notre « assurance  touriste ».

Nous quittons Maguelonne pour nous diriger vers Aigues-Mortes.

Nous traversons Palavas et la route qui a été construite entre les étangs nous emmène à Carnon.

Autrefois de Palavas à Carnon il n’y avait pas de route. Je me souviens de sa construction lorsque les magnifiques dunes qui séparaient la plage des étangs ont été supprimées. Le paysage a été bouleversé et ce n’était qu’un épisode de sa transformation. Les flamants roses sont toujours là, mais leurs anciennes compagnes criardes, les mouettes, ont fait place à un autre vacarme, celui de la circulation quasi incessante des voitures automobiles  à quelques mètres de ces paisibles échassiers.

Après Carnon, la route longe l’étang de Mauguio. Sur la droite, la mer est cachée par une multitude de pins dont il n’y avait que quelques rares spécimens autrefois. Là aussi, les grandes dunes et leur pittoresque végétation sauvage ont disparu ; place aux produits des grandes pépinières et aux touristes. Depuis les gigantesques travaux « d’aménagement », ces touristes sont presque aussi nombreux que ce que l’étaient les moustiques il y a moins d’un demi-siècle…

Quelles étaient belles la large plage de sable fin et les étendues sauvages qui bordaient le canal et les étangs ! On se rendait à bicyclette jusqu’au Grau du Roi par le chemin de halage ou par le bord de mer.

Mais dans ce « désert méditerranéen » on a planté des pins… et on a fait pousser des pyramides.

Ce coin de terre, cet îlot minuscule dans le Golfe du Lion qui fut connu des Phéniciens, des Ibères, des Ligures, des Volques et des Gaulois, devint une place forte des Wisigoths. Sa situation face aux Baléares et à l’Afrique attira la convoitise des Sarrasins qui créèrent un port dont le trafic fut considérable : Port-Sarrasin. Des relations cordiales se développèrent entre ces différents conquérants qui connurent une longue période de richesse et de prospérité.

D’étranges symboles rappellent ces cohabitations dans un climat de tolérance et de respect.

Une tradition est maintenue à Maguelonne où il y a toujours des paons dans le jardin. Mais plus étrange est la présence d’un bouquet de plumes de paon près de l’autel de la cathédrale, devant le crucifix. Depuis des dizaines d’années que je me rends en ce lieu je les ai toujours vues. Est-ce seulement un souci de décoration ou une évocation de ce « Port-Sarrasin » ou chrétiens, juifs et soufis savaient vivre ensemble ?  La croix est l’emblème des chrétiens et le paon celui des soufis.

Plus tard le destin de Maguelonne fut tragique par la cruelle volonté de chefs de guerre que les manuels d’histoire nous présentent comme des héros…