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18 février 2016

ETAT D’URGENCE POUR L’ORTHOGRAPHE

En écoutant à la télé les discours des présentateurs dont « les invités » sont devenus leurs faire valoir, j’ai eu plusieurs fois mal aux oreilles en entendant l’expression « les quatre z hommes » et « ça coûte cent z euros », alors que les personnalités invitées se confondaient en « en fait » et en « voilà ». Ces deux expressions, ainsi que « machin », s’imposent à tout propos. Elles signifient n’importe quoi, mais surtout le faible niveau de vocabulaire de quelques uns de ceux qui se permettent de nous donner des leçons. Les s et les z ne coûtent pas cher à ajouter par ci par là.

Est-ce une nouvelle tentative de réforme par le bas de la langue française
On s’attaque aux lettres après avoir critiqué la valeur des nombres. Depuis combien d’années utilisait-on les nombres de 1 à 20 ou de 1 à 10 pour déterminer la valeur d’un devoir ou d’une interrogation ? Bien que de nombreuses nuances soient possibles entre ces extrêmes « on » a estimé que de telles notations étaient susceptibles de vexer et de décourager les mauvais élèves. Alors une idée de génie a germé dans les cerveaux des redoutables décideurs : « plus de notes chiffrées mais simplement deux couleurs ; soit le vert quand c’est bien et le rouge quand ça ne l’est pas. » Il est dit qu’en en France « le ridicule tue », mais aux dernières nouvelles ces géniaux innovateurs sont encore en vie. Leur méthode n’est pas appliquée, mais ils ont trouvé mieux (ou pire) en s’attaquant à l’orthographe.

Qui décrètera l’état d’urgence face à de dangereux terroristes qui utilisent les forces du pouvoir pour « réformer l’orthographe ». Ils prétendent avoir l’accord de l’Académie française, ce qui est absolument faux et a été démenti.
Quelle prétention que s’octroyer le droit d’imposer une telle réforme !
Il me semble que ce sont ces irresponsables qu’il faudrait réformer. Autrefois, lors des conseils de révision étaient réformés ceux qui étaient jugés inaptes. C’est dans ce sens qu’il conviendrait de réformer « les terroristes de l’orthographe ».

03 février 2016

APRES LES REPAS DE FIN D’ANNEE

 Quand on est gourmand et gourmet, ce qui est mon cas, on apprécie les périodes de Noël, du Jour de l’An et de l’Epiphanie. Elles sont prétextes à des retrouvailles autour de tables bien garnies selon des traditions culinaires dont chaque région a le secret.

Mais aujourd’hui certains contestent ces coutumes ancestrales qu’ils accusent d’agresser la nature et de nuire à notre santé. Alors ils deviennent végétariens ou même végétaliens ; et c’est leur droit. Ce qui est pour moi désagréable c’est de les entendre, dans leurs sermons, accuser les gens normaux de détruire la planète en même temps que leur santé. Ils ont fait de leurs convictions une religion, avec ses intégristes et ses prêcheurs.

Dans certains repas, je me suis trouvé parmi eux. Les conversations, au niveau de l’estomac, ont tourné inlassablement autour de leurs curieuses gastronomies. J’ai tout de même été surpris quand je les ai vus se servir des noix de Saint-Jacques, alors qu’ils venaient d’affirmer qu’ils ne mangeaient jamais quelque animal que ce soit, viande, poisson ou crustacés. Poussant leurs interdictions à ne rien consommer en provenance d’un animal : lait, fromage ou œufs, par exemple.

A mes questions, la réponse fut stupéfiante : « Nous pouvons en manger car elles n’ont pas d’yeux. » - « Que vient faire Dieu dans ce choix ? » J’avais mal compris et j’obtins une explication : « Si on dit qu’elles n’ont pas d’yeux, c’est qu’elles n’ont pas des yeux. Donc elles ne nous voient pas les prendre pour les manger. Nous ne les faisons pas souffrir car elles ne voient pas ce qui va leur arriver. » Face à ma réaction de surprise d’autres commentaires ont suivi : « Nous ne mangerions pas un lapin car il nous verrait le poursuivre, l’attraper et nous préparer à le tuer. Ce serait de la barbarie et nous en sommes incapables. »

Je garantis absolument avoir entendu ce discours irréaliste exprimé sérieusement avec l’approbation des autres convives ! Je n’invente rien. Cette scène, rigoureusement authentique, s’est déroulée en France en 2015.

Alors, mes idées se bousculèrent entre la surprise, la pitié pour ces gens bien considérés dans la société et le fond de mes pensées qui me laissaient sans voix…

A vrai dire, j’avais l’impression d’être « sonné » ; comme assommé par le vacarme d’une cloche près de mes oreilles Et ce mot, sonné, a raisonné dans ma tête au point que j’ai fait le rapprochement avec le mot sonnet. J’ai toujours aimé cette forme de poème. Pour me dépolluer de ces pitoyables vibrations, j’ai écrit un petit sonnet avec un titre qui m’a semblé s’imposer :

L’HUITRE ET LE LAPIN 

                             Une huitre encoquillée priait à marée basse

                             Elle baillait parfois et remerciait Dieu

                             D’être ainsi protégée, bien qu’elle n’ait pas d’yeux

                             Et ne voit pas venir cet étranger qui passe.

 

                             Il la prend dans sa main, la déguste et la mange.

                             Elle meurt sans savoir ni pourquoi ni comment ;

                             Peut-être sans souffrir, mais elle meurt vraiment

                                      Dans l’estomac d’un bon, dans le ventre d’un ange.

 

                             Pas très loin, un lapin se dresse quand il voit

                             L’homme qui le poursuit en donnant de la voix.

                             Le lapin effrayé sait qu’une casserole

 

                             Deviendra son tombeau, son tout dernier terrier.

                             Le monstre sans pitié jusqu’au bout de son rôle,

                             Ricane en l’assommant et puis le fait griller…