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07 décembre 2015

L’ANNEE 2015 S’ACHEVE


C’est dans une ambiance de morosité de tristesse et de peur que nous vivons les derniers jours d’une année qui semble marquer la fin d’une époque. C’est lourd, c’est sombre, et ce n’est pas sans rappeler aux gens de mon âge le climat qui régnait au début de la seconde guerre mondiale.

Je n’avais que onze ans, mais je me souviens de ces derniers jours de l’an 1939. On n’osait pas dire « les fêtes de fin d’année », car « la drôle de guerre » ne s’accordait pas avec la notion de fête. Confusément chacun pressentait que nous étions dans une sorte de sursis précédant des évènements tragiques que nous n’osions pas imaginer. Je retrouve aujourd’hui cette atmosphère de fausse insouciance et d’illusions. Mes yeux d’enfants voyaient affichés sur les murs des slogans qui affirmaient : « Nous vaincrons parce que nous sommes les plus forts ». Mais la confiance en nos responsables politiques qui tentaient de nous rassurer n’existait plus. Les gens qui osaient exprimer leurs doutes et leurs peurs étaient qualifiés de défaitistes, alors qu’ils exprimaient leur lucidité.

Ce parallèle entre deux époques de crainte et d’attente pourrait susciter le découragement de ceux qui comme moi ont connu la première et vivent la seconde. Il doit au contraire sortir les consciences de leur torpeur organisée.

On nous conseille de ne pas céder à la panique ni même à l’inquiétude : Chantez, riez, soyez joyeux, malgré les évènements ! C’est plus que de l’optimisme, car c’est artificiel. C’est nous inciter à « faire semblant ». Les conseilleurs, et toute la population qui reçoit leurs sermons à domicile sur des écrans grands ou petits, en sont conscients. Mais en haut-lieu, tous ceux dont nous dépendons et dont le principal souci est de se faire élire et réélire ont l’habitude de « faire semblant » … et savent faire… Selon eux, nous ne risquons plus rien car un état d’urgence à leur service leur donne les pleins pouvoirs pour nous protéger ; sans savoir jusqu’à quand… D’une part, ils déclarent que nous sommes en guerre. D’autre part ils « font semblant » de croire que tout sera réglé dans trois mois. Sont-ils assez puissants pour arrêter en trois mois cet « état de guerre » ?

En 1914 les poilus partaient la fleur au fusil en chantant : A Berlin ! » Et ils s’y voyaient déjà. Nous connaissons la suite que la propagande n’a pas pu influencer. En 1938 les accords de Munich avaient sauvé la paix ! En 1939 une chanson affirmait que nos soldats iraient bientôt étendre leur linge sur la ligne Siegfried. Mais de l’autre côté de la Manche, Churchill préparait les britanniques à connaître « du sang et des larmes ». Ainsi les politiques ont le choix. Ou ils utilisent un langage de vérité, qui souvent leur est étranger, ou ils parlent et agissent avec en première préoccupation leur image de marque et leur avenir professionnel

Il n’est pas sain de manipuler les populations en les infantilisant selon des méthodes qu’utilisaient déjà les empereurs romains, ou en les maintenant d’une main ferme pour en extraire les éléments dangereux. Utiliser les deux en même temps constitue un grand écart qui ne peut pas durer et exige de trouver rapidement un équilibre.

Un proverbe affirme : « un homme averti en vaut deux. » La vérité, même si elle est douloureuse, permet de se préparer à affronter des épreuves. Tenter de détourner l’attention des gens par des artifices qui peuvent mener à l’insouciance, par des mouvements plus ou moins provoqués qui masquent les véritables dangers, ou par des sujets imposés qui accaparent le temps et l’esprit, sont des éléments qui s’avèreront néfastes lorsque la réalité s’imposera. Il serait temps qu’une véritable information succède aux multiples désinformations que nous subissons. Chacun réagira en fonction de sa culture, des informations qui lui auront été offertes et de son tempérament. Un tronc commun surgira pour se défendre et pour agir, même si cela nous parait difficile aujourd’hui. Si les hommes et femmes politiques en sont incapables, nos compatriotes savent s’unir pour affronter un danger ; et ils l’ont prouvé.

Le danger existe. Et il ne se situe pas seulement au-delà de nos frontières. Il peut être partout autour de nous, secret, silencieux, sournois, organisé et intelligent. C’est plus encore une évidence que ce que fut la présence de la « cinquième colonne » à la veille et au début de la seconde guerre mondiale. Ce ne sont pas nos bombardements sur l’autre rive de la Méditerranée qui réduiront ces risques à domicile.
En tournant la page de 2015 à 2016 soyons conscients des réalités et lucides pour les affronter dans une authentique sérénité. Ne partageons pas une insouciance affectée. Gardons-nous surtout des « idées reçues » et des réactions malsaines qui détruisent toutes les relations sociales par des suspicions et des rivalités. Alors que notre liberté est forcément limitée et que l’égalité n’est qu’un mot creux, conservons toute sa valeur à la fraternité dans son sens le plus large.
Nous franchissons le seuil d’un « nouveau monde » qui a été enfanté par notre passé. Les errements de responsables de nombreux pays, personnages égoïstes, incompétents et parfois malhonnêtes, ont mené des peuples au bord de gigantesques gouffres ; et nous y sommes une fois de plus. Des prétextes capables de séduire avec des arguments qui exacerbent les idéaux politiques et religieux sont encore au service de sordides ambitions.

En être conscient ne doit pas entraîner vers le découragement, au contraire. Notre « nouveau monde » a été annoncé depuis longtemps, avec les souffrances de son enfantement. C’est une épreuve initiatique qui doit nous libérer pour permettre à l’humanité de se débarrasser d’une civilisation qui n’a pas su – ou voulu – s’éloigner de la barbarie. L’avenir sera ce que nous en ferons ; si les humains sont capables de changer aussi les mentalités.
 

2015 s’inscrit dans le passé. 2016 nous ouvre des portes que nous ne pouvons éviter de franchir. Sur ce seuil, je pense que nous devons être conscients, vigilants et généreux. Ce dernier mot est le plus difficile à mettre en pratique. Et pourtant, ce n’est pas le culte de la violence et de l’égoïsme qui nous aidera à progresser dans notre avenir à court et à moyen terme…

 

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