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03 février 2016

APRES LES REPAS DE FIN D’ANNEE

 Quand on est gourmand et gourmet, ce qui est mon cas, on apprécie les périodes de Noël, du Jour de l’An et de l’Epiphanie. Elles sont prétextes à des retrouvailles autour de tables bien garnies selon des traditions culinaires dont chaque région a le secret.

Mais aujourd’hui certains contestent ces coutumes ancestrales qu’ils accusent d’agresser la nature et de nuire à notre santé. Alors ils deviennent végétariens ou même végétaliens ; et c’est leur droit. Ce qui est pour moi désagréable c’est de les entendre, dans leurs sermons, accuser les gens normaux de détruire la planète en même temps que leur santé. Ils ont fait de leurs convictions une religion, avec ses intégristes et ses prêcheurs.

Dans certains repas, je me suis trouvé parmi eux. Les conversations, au niveau de l’estomac, ont tourné inlassablement autour de leurs curieuses gastronomies. J’ai tout de même été surpris quand je les ai vus se servir des noix de Saint-Jacques, alors qu’ils venaient d’affirmer qu’ils ne mangeaient jamais quelque animal que ce soit, viande, poisson ou crustacés. Poussant leurs interdictions à ne rien consommer en provenance d’un animal : lait, fromage ou œufs, par exemple.

A mes questions, la réponse fut stupéfiante : « Nous pouvons en manger car elles n’ont pas d’yeux. » - « Que vient faire Dieu dans ce choix ? » J’avais mal compris et j’obtins une explication : « Si on dit qu’elles n’ont pas d’yeux, c’est qu’elles n’ont pas des yeux. Donc elles ne nous voient pas les prendre pour les manger. Nous ne les faisons pas souffrir car elles ne voient pas ce qui va leur arriver. » Face à ma réaction de surprise d’autres commentaires ont suivi : « Nous ne mangerions pas un lapin car il nous verrait le poursuivre, l’attraper et nous préparer à le tuer. Ce serait de la barbarie et nous en sommes incapables. »

Je garantis absolument avoir entendu ce discours irréaliste exprimé sérieusement avec l’approbation des autres convives ! Je n’invente rien. Cette scène, rigoureusement authentique, s’est déroulée en France en 2015.

Alors, mes idées se bousculèrent entre la surprise, la pitié pour ces gens bien considérés dans la société et le fond de mes pensées qui me laissaient sans voix…

A vrai dire, j’avais l’impression d’être « sonné » ; comme assommé par le vacarme d’une cloche près de mes oreilles Et ce mot, sonné, a raisonné dans ma tête au point que j’ai fait le rapprochement avec le mot sonnet. J’ai toujours aimé cette forme de poème. Pour me dépolluer de ces pitoyables vibrations, j’ai écrit un petit sonnet avec un titre qui m’a semblé s’imposer :

L’HUITRE ET LE LAPIN 

                             Une huitre encoquillée priait à marée basse

                             Elle baillait parfois et remerciait Dieu

                             D’être ainsi protégée, bien qu’elle n’ait pas d’yeux

                             Et ne voit pas venir cet étranger qui passe.

 

                             Il la prend dans sa main, la déguste et la mange.

                             Elle meurt sans savoir ni pourquoi ni comment ;

                             Peut-être sans souffrir, mais elle meurt vraiment

                                      Dans l’estomac d’un bon, dans le ventre d’un ange.

 

                             Pas très loin, un lapin se dresse quand il voit

                             L’homme qui le poursuit en donnant de la voix.

                             Le lapin effrayé sait qu’une casserole

 

                             Deviendra son tombeau, son tout dernier terrier.

                             Le monstre sans pitié jusqu’au bout de son rôle,

                             Ricane en l’assommant et puis le fait griller…

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