14 décembre 2011
LA DEMESURE (3)
Les armes les plus sophistiquées sont aux mains de dangereux personnages. Mais qu’importe puisque nos usines qui les fabriquent font vivre des milliers de braves gens. Ceux-ci défendent leur emploi, car que leur offrirait-on d’autre ? Et leurs armes vendues n’importe où et à n’importe qui risquent de se retourner un jour contre eux et contre leurs enfants. Situation de folie, c’est certain; mais triste tableau de ces premières années du vingt et unième siècle.
Alors, que faire dans la petitesse de chacun de nous ? Il serait imprudent de se risquer à imaginer des solutions. Pourtant il serait encore plus imprudent de baisser les bras et d’accepter les longs couteaux de tous nos sacrificateurs.
Il est nécessaire de prendre conscience de ces pénibles réalités sans cependant se laisser aller au découragement, à la psychose et à la panique.
La vie de chaque homme est un long chemin initiatique, tout comme la longue marche d’une humanité qui n’en finit pas de chercher la route du bonheur et de la paix.
Les épreuves, qu’elles soient personnelles ou qu’elles soient collectives, doivent générer des sursauts de lucidité, de réflexion et d’action. Chacun a son rôle à tenir dans ce marasme organisé. Tout ce qui peut participer à faire naître le moindre espoir ne doit pas être négligé. Il n’est jamais inutile d’espérer quand même, d’encourager ceux qui n’y croient plus et de les aider.
Les valeurs proclamées dès le début de notre civilisation, mais toujours trahies par les trompeurs qui les affichent peuvent encore être vécues.
« Aimez-vous les uns les autres » est une toute petite phrase qui pourrait changer le monde si elle devenait une façon de vivre. Les notions appliquées de Liberté et d’Egalité au profit de tous, engendreraient une réelle Fraternité qui pourrait être teintée de Tolérance et d’Amour… Utopie ? Peut-être, car nous sommes habitués à entendre ces mots prononcés par des bonimenteurs qui s’en servent pour vivre à l’opposé.
Les paroles peuvent être trompeuses… et souvent elles le sont. Alors ne nous trompons pas nous-mêmes et mettons en pratique un autre précepte: « Plus que les mots, l’exemple ».
Commençons par vivre en conformité avec ces grandes valeurs perpétuellement bafouées. Cultivons le respect de soi et des autres, ne tolérons pas que la Liberté des uns supprime celle des autres, considérons que la Fraternité doit englober toute l’espèce humaine, dépassons la Tolérance pour connaître et aimer l’autre et, à notre époque où l’esclavage a pris de multiples visages hypocrites et hideux, soyons d’authentiques partisans des Droits de l’Homme… en y ajoutant tout de même un complément indispensable: « les Devoirs de l’Homme ».
Nous ne changerons pas le monde et je suis conscient de la futile allure de prêche des lignes que je viens d’écrire… Mais qui sait ? Puisque nous sommes planétairement unis dans les mêmes risques, est-il vraiment impossible de l’être dans une même et saine réaction pour le bien de tous ?
Les hommes seront-ils capables de travailler ensemble pour « construire », pour édifier d’autres symboles que des tours de puissance et d’orgueil destinées à défier Dieu comme à Babel ou à glorifier le Dieu « pognon » ?
La démesure n’est pas à l’échelle humaine. Nos très lointains ancêtres célébraient leurs cultes dans des grottes. Plus proche de nous, le recueillement religieux se situait dans des chapelles romanes sombres et basses. Et puis ce fut l’illusion d’avoir trouvé la lumière par des célébrations fastueuses dans des cathédrales qui s’élevaient toujours plus haut avant que les édifices profanes les dépassent et n’en finissent plus de les dominer par l’altitude pour assurer d’autres prétentieuses dominations. Toujours « la démesure » qui n’en finit pas puisque des architectes envisagent de construire un immeuble qui s’élèvera à une hauteur de mille mètres…
La meilleure façon de s’élever me semble être de marquer un temps d’arrêt pour au contraire s’enfoncer au cœur de soi.
Au plus profond de chaque être il est une lumière trop bien cachée que seule la recherche de la Connaissance de Soi peut nous révéler. Il y a bien longtemps, un sage conseil nous a été donné: « Connais-toi toi-même et tu connaîtras l’univers et les dieux ».
Il n’est peut-être pas trop tard pour que chacun y consacre un peu de son temps afin que, en se connaissant mieux, il parvienne à mieux aimer les autres.
(La semaine prochaine : L’HOMME QUI VENDAIT DU VENT.)
21:40 | Lien permanent | Commentaires (1)
12 décembre 2011
LA DEMESURE (2)
Les plus nobles symboles de notre civilisation sont ébranlés par des massacres que rendent possibles des techniques d’un progrès fragilisant les plus puissants. Les réactions quasi unanimes sont des cris de vengeance, de haine et de mort. Punir les crimes est une absolue nécessité, mais prendre le risque d’ajouter des massacres d’innocents à ce qui fut à New York un abominable acte de barbarie, c’est accélérer le mouvement d’un engrenage qui nous entraîne vers notre perte. Et cet engrenage a été déclenché. A la recherche hypothétique d’armes nous plaçant dans une situation de danger qualifié d’imminent, les forces s’auto qualifiant de « forces du bien » ont attaqué brutalement des populations qu’elles considéraient comme étant les « forces du mal ». Le but affiché n’a pas été atteint mais des milliers d’innocents ont été atrocement sacrifiés par ceux qui se disent « les champions de la justice, de la liberté et les justiciers de notre civilisation » ! L’hypocrisie à peine voilée a permis à des intérêts sordides de s’imposer sous le prétexte de nobles sentiments.
La douleur dans l’horreur risque d’être, comme la peur, une mauvaise conseillère. Bien sur, les moyens de punir, d’exercer des représailles et de se venger existent de tous côtés et ne manquent pas de tenter ceux qui ont subi, ceux qui ont peur et ceux qui veulent rétablir un prestige ébranlé. Toute faiblesse pourrait être fatale face à des forces plus ou moins occultes et sans le moindre scrupule.
Dans l’exaspération d’une tragédie, ces forces sont-elles mieux évaluées que l’ont été leur possibilité de commettre des actes dont elles ont fait la démonstration ? Les réactions peuvent créer des enchaînements encore plus tragiques à notre époque où existent de vastes arsenaux aux mains d’on ne sait qui, avec des armes nucléaires, des armes bactériologiques ou chimiques et peut-être des armes psychiques. Ce pourrait être un désastre planétaire sans précédent… Oui des « armes de destruction massives » existent. On les cherche là où on ne les trouve pas alors qu’on sait où bon nombre sont stockées. Le courage des justiciers ne va pas jusqu’à attaquer ceux qui les possèdent. D’ailleurs, quelle justice ou quelle morale autorise-t-elle une quelconque puissance à s’arroger le pouvoir d’interdire à d’autres de posséder ce qu’elle détient pour détruire et pour tuer ?
Un proverbe nous prévient : « Qui sème le vent récolte la tempête ». Y ont-ils pensé ceux qui ont armé des chefs de guerre en leur donnant les moyens de défendre des intérêts contradictoires et réversibles ? ...
Réversibles… deux mots terribles en un seul: « revers et cibles »… C’est le langage des oiseaux… Ils furent terrifiants ces sinistres oiseaux de métal qui le 11 septembre 2001, dans les « revers » de la politique, prirent pour « cibles » et détruisirent les tours d’une Babel où le langage de l’argent avait créé une tragique confusion des langues, des pensées et des idéaux.
Les grands financiers s’en relèveront… Mais les milliers de victimes modestes dans leur anonymat auront une fois de plus payé de leur vie les erreurs et les crimes qui de la tempête passent aux cyclones des vengeances et des colères longtemps accumulées.
Septembre noir de l’an 2001 !
Et voici que l’insouciance de responsables, protégés par les méandres de règlements que des « intérêts supérieurs » savent parfaitement interpréter, ajoute l’horreur à l’horreur. A Toulouse, une usine explose au cœur de la ville et d’autres victimes innocentes paient encore un lourd tribu aux profiteurs sans visages qui eux aussi s’en relèveront.
L’an 2001 nous a fait entrer dans un millénaire inquiétant. 2002 a connu de nombreuses catastrophes naturelles qui n’excluent pas la responsabilité des hommes. Des réunions ont rassemblé des responsables. Ils ont beaucoup parlé mais la cupidité des plus puissants a soumis les moins forts à la résignation et à l’inertie. Tous les signes nous assaillent. La nature se révolte avec des inondations dévastatrices, des incendies allumés par des fous et propagés par la violence du vent, des volcans qui s’éveillent, des terrains qui tremblent ou qui s’affaissent et des conditions climatiques déjà surprenantes.
Et voici 2003. Tous les dangers se précisent. Une industrie qui pollue les plages et les océans, des usines qui menacent la vie des populations avec des risques permanents d’explosions, de gaz mortels, de pollutions et de stockages imprudents.
Et les usines tournent. Et le progrès est en marche… soi disant pour notre bien-être. Mais ce bien-être n’est que pour quelques uns, alors que pour tous les autres ce ne peut être que la destruction. Cependant, la nature semble entreprendre une révolte active et une colère destructrice contre cette espèce humaine qui prétend la dominer… Nous ne sommes pas assez sages pour tenir compte de ses messages.
Bousculant ses habitudes elle a déclenché un été précoce particulièrement pernicieux. Tandis que les spécialistes de la météo se félicitaient du « beau temps » propice, disaient-ils, à l’industrie du tourisme…
En France une catastrophe humaine qui le cède en rien à l’horreur de la tragédie de septembre 2001 à New York a stupéfié les responsables de la santé de la population. Tous ces grands personnages ont fait une fois de plus la preuve de leur petitesse, de leur incompétence et de leur indifférence. Leurs réactions tardives ne sont intervenues que lorsque qu’ils ont compris que leur position, leur prestige et leur intérêt étaient en jeu. Alors, ils se sont apitoyés, ont parlé de ce qu’ils ignorent en invoquant « la solidarité » et en rejetant leurs fautes sur d’autres moins bien placés pour se défendre. Incapables de protéger les plus fragiles contre les excès de la nature, ils prétendent être en mesure de nous protéger contre d’autres excès en provenance de toute une planète fière de sa mondialisation.
Les risques sont tout autour de nous dans ce monde qui n’a de Dieu que le pouvoir et l’argent !
( la semaine prochaine : LA DEMESURE (3)
09:20 | Lien permanent | Commentaires (0)
01 décembre 2011
LA DEMESURE (1)
Les descendants de Noë tentèrent d’escalader le ciel
et la tour qu’ils construisirent est devenue le symbole
de l’orgueil des hommes.
Le châtiment intervint avec la confusion des langues
qui fait que les humains ne se comprennent plus.
Il y a bien longtemps de cela …
Aujourd’hui, au vingt et unième siècle de notre ère,
depuis des tours tout aussi vulnérables
que la tour de Babel,
tout le monde parle et projette sa voix sur toute la surface de la terre
sans toutefois se faire entendre.
Depuis Babel, la confusion n’a cessé de régner.
En passant d’un millénaire à un autre, nous avons eu l’impression que rien de particulier ne marquait cet événement. Nous vivons dans une période d’insouciance où nous ne pouvons plus imaginer ce que pourrait être une accélération des difficultés, des drames et des tragédies. Parfois des évènements tentent de nous le rappeler quand on nous parle de rigueur, d’austérité, d’efforts et de courage…
Le grand public, accaparé par des intérêts superficiels, se passionne pour « la baballe », qu’elle soit ronde ou ovale, à lancer dans un panier ou au-dessus d’un filet et les richissimes professionnels qui se la disputent deviennent des héros.
Pendant que les désinformateurs de service nous abreuvent de leurs tendres émissions aussi bêtes que méchantes, que leurs séries policières et hospitalières nous font trembler par leurs suspens éculés et leurs larmoyantes sensibleries, le monde, qui n'est pas virtuel, nous prépare de bien tristes surprises.
C’est à peine si nous en évaluons l’importance, bien que nous commencions à en éprouver les funestes effets.
Tout près de nous, une mondialisation sauvage, avide de pouvoir et de dollars, s’attaque au gagne-pain des plus humbles, glorifie le travail à bas prix et a pour seul but de rendre les riches plus riches. Tant pis si les pauvres le sont de plus en plus et si leur nombre ne cesse d’augmenter.
Des maladies nouvelles affectent les hommes et les bêtes tandis que les scientifiques se glorifient de leurs progrès en médecine et en chirurgie; bien qu’ils soient loin de compenser les ravages de leurs autres découvertes.
Nous ne savons plus quelle est la qualité de notre alimentation. Nous savons seulement que des produits dangereux se mêlent à nos aliments. Des scandales parfois nous les révèlent. Nous savons que des expériences se poursuivent en vue de modifier la nature et les plantes en invoquant des progrès qui ne sont pas prouvés. Nous constatons que ceux qui s’élèvent contre ces pratiques sont considérés comme des hors-la-loi, puisque les lois sont encore au bénéfice des plus puissants… et dans ce domaines les exemples seraient nombreux.
Dans le secret de leurs laboratoires, quelques apprentis sorciers clonent des animaux et se préparent à travailler sur l’espèce humaine en prétendant la servir.
Mais bien d’autres dangers nous guettent… Tant que la télévision n’en parle pas, chacun se croit en sécurité…
Et puis les éléments se déchaînent comme pour nous prévenir, nous les éternels myopes qui ne voyons que ce qui nous atteint directement. Loin de nous, des génocides sont en cours, des massacres se multiplient, des Etats puissants arment n’importe qui si leur intérêt le leur commande, des armes circulent partout, accessibles et à bas prix, des peuples opprimés et affamés se révoltent et leur colère est attisée par d’autres intérêts qui, malgré les apparences, sont vraiment sans foi ni loi. La violence est partout, individuelle, en groupes organisés et en Etats responsables. Cette violence, physique ou morale commande les agissements d’institutions qui prônent la liberté, l’égalité, la fraternité, la tolérance et encore d’autres nobles idées vidées de leur substance.
… /
Pendant ce temps, écrasés de décibels, de tabagisme, de drogues et de fausses valeurs, des populations tentent d’oublier les angoisses qui sournoisement envahissent leur climat. Enfermées dans des séquelles d’idées quasi moyenâgeuses, elles s’inventent des dangers virtuels de « fin du monde » et ne se mobilisent pas pour faire face à « la fin de leur monde », de leur façon de vivre et de leur civilisation. Les dirigeants dont elles dépendent savent mais se taisent, trop occupés par leur carrière, leur prestige et leurs soucis électoraux.
C’est la chute d’une civilisation qui a trahi depuis deux mille ans les plus nobles aspirations qui pourtant demeurent en bien des cœurs.
(la semaine prochaine ; LA DEMESURE (2)
08:51 | Lien permanent | Commentaires (0)