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01 mai 2012

LE DEVOIR DE DESOBEISSANCE.

 

   Nous passons allègrement d’un excès à un autre : obéir aveuglément ou refuser toute discipline. Ma génération a pu observer cette évolution qui a libéré bien des frustrations, mais exacerbé bien des excès.

   Quand « l’autorité légitime », telle celle des parents pour l’enfant, est exercée avec lucidité et amour, elle participe à une éducation qui contient les notions de civisme, de responsabilité et de respect.

   Mais quand cette autorité, même si elle est parée de la légitimité, dérape en raison d’un égo démesuré, il serait normal de la remettre en question. J’ai en mémoire une boutade qui avait cours dans les casernes à l’époque du service militaire. Un gradé donne un ordre : « Face au mur ! » Un appelé ose répondre : » Mais il n’y a pas de mur. » Et le gradé reprend en hurlant : « Face au mur quand même ! »  Nous sommes tous confrontés à des ordres plus ou moins stupides. Le problème est que les auteurs de ces ordres nous dominent et que nous leur sommes liés par les circonstances de la vie et parfois même par des serments.

   Le serment place celui qui s’engage dans une situation qui met en jeu son honneur.  Est-ce une raison suffisante pour lui rester fidèle ?  Au début de l’Etat français en 1940 et 1941, bon nombre d’anciens « poilus » qui avaient combattu au cours de la guerre 1914-1918  conservaient toute leur confiance au maréchal Pétain. Ils n’hésitèrent pas pour lui prêter serment de fidélité « dans la reconstruction de la nation ». Plus tard, les événements de l’occupation par l’armée allemande et « la collaboration » avec le régime nazi  ont ébranlé cette confiance. Mais le serment était toujours présent et ce fut pour beaucoup d’anciens combattants un cas de conscience souvent déchirant.

   Les miliciens de Darnan prêtaient serment d’obéissance à leur chef comme l’avaient prêté les SS à Hitler. La peur de trahir un serment servit de prétexte à de nombreuses exactions et n’excusa pas des massacres comme celui  d’Oradour-sur-Glane.

   Ce sont des cas extrêmes, mais pas isolés. Des associations aux dérives sectaires font prêter serment à leurs adeptes qui ne découvrent que plus tard la réalité de leur fonctionnement. Ce n’est plus une question d’honneur, mais d’honnêteté pour refuser de se plier à ces manœuvres. Un ordre qui ne respecte pas nos intimes convictions de morale et d’éthique ne doit pas être exécuté car il s’apparente à une suggestion qui met en sommeil la réflexion de celui à qui il est donné.

   Des méthodes qui ont fait leur preuve sont utilisées couramment pour induire une suggestion aux effets négatifs. N’oublions pas que : « la suggestion est une croyance immédiate dans la mesure où elle ne passe pas par la médiation du doute que fait naître la réflexion. »  Celui qui donne l’ordre n’est plus en mesure de prendre en compte une réflexion personnelle qu’il a remplacé par son fanatisme ou ce qu’il qualifie de « raison d’Etat. Ce fut le cas de Maurice Papon au cours d’une période qui s’étale de 1940 à sa carrière de préfet de police de Paris. Un scandale honteux qui entache les gouvernements de l’après-guerre.

 

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