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26 novembre 2012

LA TRAGEDIE DES CATHARES (3)

 DES GUERRIERS CONTRE DES TROUBADOURS

 

En 1198, un homme intelligent, autoritaire et rusé devient pape. Il n’a que 38 ans et prend le nom d’Innocent III. Les seigneurs du Nord jouent de leur influence auprès de ce nouveau pape et du roi pour qu’une véritable croisade leur permette d’envahir la riche Occitanie. Elle est consciente du danger et se prépare à la résistance… Mais que peut faire un peuple pacifique de commerçants, de poètes et de troubadours, contre de farouches, cupides et valeureux guerriers ?

Au nord de la Loire, les vertus guerrières et l’esprit de conquêtes étaient exaltés. Les seigneurs organisaient des tournois qui mettaient en valeur le maniement des armes et le courage belliqueux. Au sud, des tournois opposaient des poètes et des troubadours dans des joutes oratoires dont nous possédons des comptes rendus. Le courage ne manquait pas, mais l’état d’esprit guerrier n’était pas exalté. Bien plus tard, en 1940 on retrouvera cette situation d’un peuple pacifique confronté à des guerriers revanchards et cruels…

Revenons en 1198. Cette année-là, un moine espagnol, Domingo Guzman, traverse l’Europe et va jusqu’au Danemark en ambassade. Au retour, il passe par Cîteaux, Lyon et Montpellier où il rencontre l’état-major d’évêques et de cisterciens chargés par Innocent III de mener la lutte contre ce qu’il appelle « l’hérésie cathare ». Parmi eux, un personnage va jouer involontairement un rôle primordial. Il s’agit de Pierre de Castelnau, archidiacre de l’évêché de Maguelone qui est légat du pape en Languedoc.

Dans un souci d’apaisement, Domingo Guzman organise des conférences contradictoires dans tout les pays cathare où les tournois oratoires sont très prisés. Il obtient très peu de conversions car malgré son talent, il est face à des spécialistes des joutes oratoires. Son tempérament ibérique prend le dessus et il brandit la menace de guerre et d’invasion. Il proclame : « Nous exciterons contre vous prêtres et prélats, et vous serez réduits en servitude ! » Sainte colère, peut-être, car Domingo Guzman est devenu Saint Dominique.

La situation s’envenime. Bien que bon catholique, le comte de Toulouse Raymond VI est excommunié parce que coupable, pour le pape, d’avoir toléré la liberté religieuse sur ses états. Toute la population d’Occitanie est concernée car au XIIème siècle être excommunié est une condamnation grave qui tend à souiller le sceau de Raymond VI.

Dans cette situation extrêmement tendue, il suffirait de peu pour faire éclater le conflit…

Et l’étincelle jaillit en 1208.

17 novembre 2012

LA TRAGEDIE DES CATHARES (2)

 

OCCITANIE, « LE PAYS DE COCAGNE »

 

Ce qui causa la perte de l’Occitanie fut son degré de civilisation avancée par rapport aux mœurs de son temps. Elle affirmait aussi son originalité dans le domaine de la religion. Les « guerriers du Nord » en firent des prétextes pour envahir et s’approprier une région qu’ils appelaient « le pays de cocagne ».

Le terrain était préparé pour l’adoption d’idées nouvelles qui allaient aboutir à la tragédie des cathares.

Des milliers d’occitans furent sauvagement massacrés par des pillards qui prétendaient servir la chrétienté. Ces victimes croyaient verser leur sang pour témoigner d’une foi, d’une spiritualité. En fait, leur sacrifice abreuvait la cupidité de nobles et de prélats qui détruisirent une civilisation qu’ils ne pouvaient pas comprendre.

Cette guerre cruelle, ce véritable « génocide », fut affublé du nom de « croisade ». Ceux qui la déchaînèrent en tirèrent un grand profit. Pour eux, il s’agissait d’une « guerre sainte » ( !) … au nom de celui dont le message était : « Aimez-vous les uns les autres ».

 

Le message des cathares venait de bien loin dans le temps. Il était né en Perse au VIIème siècle avant Jésus-Christ. Les disciples de Zoroastre enseignaient que le bien et le mal se partagent l’univers ; idée qui fut encore affirmée au IIIème siècle de notre ère par les manichéens. Pour eux, comme pour les cathares, le monde matériel était l’œuvre du malin ; ce qui s’opposait à l’ordre établi.

Venues de Perse et de Bulgarie, ces idées se fixèrent sur une grande partie de l’Europe. En 1147, des seigneurs occitans reviennent de la deuxième croisade convertis au catharisme En 1167, un évêque cathare bulgare, Nikita, préside un concile qui se tient près de Toulouse. Le mouvement religieux, bientôt qualifié d’hérésie, attire de nombreux sympathisants déçus per le comportement de leur clergé et séduits par les valeurs proclamées et vécues par le clergé de l’Eglise cathare militante. Celle-ci es composée de « Parfaits et de Parfaites » appréciés et respectés par toute la population. En langue d’oc, « parfait » a le sens de « ordonné ». Il s’agit de ceux qui ont reçu le « consolament », car les femmes aussi exercent le sacerdoce.

Dès 1167 l’Eglise cathare s’organise en quatre diocèses : Toulouse, Agen, Carcassonne et Albi.

La papauté s’inquiète. Déjà, en Bosnie le catharisme est devenu religion d’Etat.

En 1180, le pape Alexandre III lance l’anathème contre les cathares et ceux qui les protègent. Il fait prêcher contre eux, mais encore sans succès, une « croisade ».

 

Va-t-on vers une croisade de l’Eglise catholique contre un peuple chrétien ?