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04 novembre 2013

DRONES DE DRAMES

 

J’écrits ces lignes le dimanche trois novembre 2013 ; le lendemain du jour consacré au souvenir des personnes disparues, du « jour des morts ».

Hier, le 2 novembre, une tragique coïncidence a marqué cette journée du souvenir et du recueillement.

Deux crimes ont ensanglanté notre civilisation qui n’en finit pas de s’enfoncer dans la barbarie.

C’est au nord du Mali que deux journalistes français ont été sauvagement exécutés. Ils voulaient donner la possibilité de s’exprimer à des touaregs qui dans leur pays en ont peu l’occasion. Mais le peuple touareg est divisé et ceux qui n’ont pas bénéficié de cet interview n’ont certainement pas apprécié leur mise à l’écart. Dans l’imbroglio d’une région composée d’ethnies qui n’ont jamais eu vocation à s’unir, dans un pays où une puissance étrangère a programmé des élections sur le mode illusoire d’une possible démocratie, les vexations, les maladresses et les manœuvres politiques entrainent de terribles conséquences. Ce sont des innocents de bonne volonté qui en deviennent les victimes.

Le même jour dans un pays allié des Etats-Unis, un responsable politique d’une trentaine d’années a été lui aussi lâchement assassiné. La nation des cow-boys, des populations armées et du Far-West, avait mis sa tête à prix : « wanted » ; comme au temps des célèbres hors-la-loi. Ce grand pays qui se proclame champion de la liberté et qui se permet de donner des leçons à tous les autres, a plus de deux siècles de retard et ne connaît que la loi du plus fort. Le commanditaire de cet assassinat, le président des Etats-Unis qui affiche sans état d’âme son titre de « prix Nobel de la paix », a été pitoyable. Une fois de plus, il a utilisé un drone, et il s’en glorifie.

Ces deux évènements ont fait l’objet de longs commentaires des médias. L’assassinat des journalistes a été qualifié à juste titre de « crime odieux ». Effectivement, des gens armés qui enlèvent facilement, avec des risques calculés, des journalistes sans autres armes que leurs caméras et leurs enregistreurs, sont des lâches, même s’ils tentent de justifier leurs motivations. Le qualificatif « odieux » n’est pas assez fort. Ce crime prémédité est « odieux » et personne ne peut le contester.

Mais l’autre crime, celui qui a été perpétré par un prix Nobel de la paix confortablement installé à l’abri de tout danger, n’est-il pas tout aussi odieux ? Des commentaires vont-ils le qualifier de « glorieux » parce que la cible avait été condamnée à mort, sans jugement ?

C’était, nous dit-on, un « terroristes ». Ce qualificatif je l’ai maintes fois lu et entendu dans les années de 1941 à 1944. C’était ainsi que le pouvoir en place désignait en France ceux qui s’en prenaient aux troupes allemandes d’occupation par des déraillements de trains, des attentats et autres actions subversives. Certains furent emprisonnés et beaucoup fusillés. En 1945 les rescapés furent qualifiés de « résistants », traités en héros et décorés…

Le pays d’outre atlantique qui a tenté d’entraîner le monde dans une guerre pour rechercher des armes de destructions massives qui n’existaient pas, ne mérite pas notre confiance !

Commander de loin un avion sans pilote qui repère la cible et brusquement la détruit sans se soucier des « dégâts collatéraux » est aussi un crime « odieux ». Pa s de jugement, mais seulement la motivation des dictateurs du temps jadis : « Ceci est mon bon plaisir ». Dans les conséquences de la somme de ces dégâts collatéraux on compterait aujourd’hui plus de quatre cents victimes innocentes qui ont été sacrifiées. Des familles sont décimées par des lâches qui sans aucun risque peuvent assassiner qui bon leur semble pour défendre des intérêts dont les valeurs affichées masquent souvent de sordides calculs.

Oui, ce jour de la commémoration des morts, ce 2 novembre 2013 devient le tragique symbole d’une civilisation tombée aux mains de barbares dont les « odieux » moyens d’action se développent avec la complicité des progrès techniques qui trahissent l’espèce humaine.

Au vingt-unième siècle les drones ont fait leur apparition et multiplient les « assassinats politiques ». Ils sont peut-être les prémices d’autres utilisations que nous subirons bientôt.

L’ambivalence de toutes les inventions se manifeste une fois de plus. Je pense à Alfred Nobel qui prévoyait que son invention, la dynamite, permettrait de creuser des tunnels et de construire des routes et des ponts. Cet homme fut extrêmement déçu quand il constata qu’on l’utilisait surtout pour fabriquer des bombes !

Les drones commencent à être utilisés en archéologie et pour des reportages. Il arrive qu’on les aperçoive dans le ciel de nos campagnes. Ils éveillent notre curiosité comme le firent les premiers avions au début du vingtième siècle.

Demain ils seront au-dessus de nos jardins et de nos maisons. Ils seront « armés » d’appareils sophistiqués pour nous voir et nous entendre. La liberté n’existera plus. Ils transmettront leurs informations à ceux dont nous dépendons et qui savent si bien utiliser nos téléphones portables et nos ordinateurs… 

Que se passera-t-il le jour ou « un chasseur » utilisera son arme pour détruire cet espion aux intentions « agressives » au-dessus de lui ? Dans ce cas de légitime défense, sera-t-il décoré ou emprisonné ?

 

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